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ne la pouvoit faire générale sans advis de ses associez, n’estimant pas ses reins assez forts pour la leur faire agréer d’authorité. Et pour ce requit des passeportz qui leur furent baillez ; mais il se trouva par leurs dépesches qu’ilz en abusoient malignement, convoquant leurs députez à une prétendue assemblée d’Estatz pour procéder à la nomination d’un Roy, sans faire mention aucune de paix, ce qui fut vérifié nomméement à Tours devant messeigneurs les cardinaux de Bourbon et de Lenoncourt[1] et autres du conseil du Roy et de la court de Parlement ; et cependant, parceque M. du Plessis y avoit esté employé, en haine de la Religion plusieurs luy en imputoient l’interruption. Or, depuis son partement, elle fut continuée plus de quattre mois, et sans y avoir reconnu au fond que malignité et tromperie.

Quelques mois avant son partement estoit arrivé près du Roy le seigneur Horatio Palavicini, de la part de la Royne d’Angleterre et des princes d’Allemaigne protestans, apportant assurance au Roy d’estre secouru d’une puissante armée d’Allemagne dont ils fourniroient l’anrittgelt[2] et la première monstre, pourvu qu’elle fust négociée par personne qui leur fust aggréable. Et ces instructions demandoient monsr de Chastillon, monsieur de la Noüe, ou monsieur du Plessis. Le Roy et la plus part s’arrestoient

  1. Philippe de Lenoncourt, archevêque de Reims, fait cardinal par Sixte-Quint en 1586 ; il mourut en 1591.
  2. Eintrittgeld : Gratification accordée aux troupes allemandes avant entrée en campagne.