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pales qui luy faisoit désirer de s’esloigner pour un temps de la court, afin que ce qui devoit estre imputé à la magnanimité et piété du Roy ne le fust point à sa persuasion ny présence. Or estant de retour à Saumur il pleut à S. M. luy en demander encor son advis sur le retour de monsr de Luxembourg[1], auquel il persévera, et a grandement eu à louer Dieu peu de temps après, quand il a veu le Pape prétendu déclaré schismatique[2] ennemy de l’Eglize et du Royaume, les Bulles bruslées par la main du bourreau et le prétendu nonce adjourné à trois briefz jours et prise de corps contre luy. Enfin après un long patir, le siège de Paris fut levé sur l’arrivée du duc de Parme, et luy ay souvent ouy dire que Paris avoit esté osté au Roy comme qui luy arracheroit, parce que toutes les raisons et apparences vouloient qu’il l’emportast, sauf les péchés des hommes[3] non reconnoissans sa grâce, et les desservices des siens propres. Il avoit mesmes opinion qu’on pouvoit tenir Paris assiégé du costé de l’université avec trois mil hommes et faire teste de l’autre au duc de Parme, en la plaine de Bondi, avec l’armée en lieu si avantageux qu’elle ne s’y pouvoit

  1. François de Bourbon, comte de Vendôme et de Luxembourg, par son mariage avec Marie, héritière de cette maison.
  2. Par les décrets des deux chambres du parlement de Paris siégeant à Châlons-sur-Marne et à Tours, le 10 juin et le 5 août. Le parlement, favorable au roi, et siégeant à Caen (au lieu de Rouen qui était aux mains des Ligueurs) rendit un arrêt analogue le 13 août.
  3. L’édition de M. Auguis, au contraire des deux manuscrits, porte : « Sauf les péchés des hommes, nous reconnaissons sa grâce, et les desservices des siens propres. » Ainsi altérée, cette phrase n’a point de sens.