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Maine. Pendant tout ce siége, M. du Plessis n’abandonna point la personne de S. M. qui luy faisoit cest honneur de luy parler privéement de tous ses affaires ; mesmes s’il y avoit quelque entreprise ou pratique d’importance, ou négotiation estrangère, la commettoit volontiers à M. le mareschal de Biron et à luy, ce qui n’estoit pas sans envie des plus grandz. Surtout, ilz luy imputoient la persévérance de S. M. en la vraye Religion, jusques à la luy reprocher ouvertement (qui estoit cause que S. M. s’abstenoit de luy parler sy souvent,) et quelquefois le mauvais succez de ses affaires, parce qu’il n’avoit esté d’advis que S. M. escripvist au Pape, disant qu’il ne le pouvoit faire utilement s’il ne luy attribuoit les titres accoutumés, et ne les luy pouvoit attribuer en bonne conscience ; comme de faict, l’advis qu’il en donna sur le lieu au Roy, et depuis luy envoya, (ceste question estant derechef remuée,) en est encor en ses mémoyres. La chose passa sy avant qu’un gentilhomme de la part du duc de Florence[1], comme il est à présumer à leur suggestion, après plusieurs préfaces et remonstrances luy fit offre, de la part de son maistre, de vingt mil escus de rente, partie en fonds de terre et partie en bénéfices, s’il vouloit conseiller à S. M. de s’accommoder au Pape, en ce qui estoit de la Religion, afin que les Princes d’Italie peussent servir le Roy avec moins de scrupule et de reproche. Et c’estoit aussy une des causes princi-

  1. Ferdinand 1er de Médicis, cardinal depuis 1563, né en 1549, avait succédé au duc François, son frère ; il avait déposé la pourpre et s’était marié en 1589 à Christine de Lorraine. Il mourut en 1609.