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moins par un commun accord et mesme conseil, alléguans quelques empereurs qui en avoient ainsy uzé ; et un conseiller de la court de Parlement, des plus apparens, vint proposer cela à M. du Plessis de leur part, avec une protestation touteffois qu’ilz ne passeroient outre s’il ne l’approuvoit. Sa responce fut qu’ilz luy faisoient trop d’honneur, mais qu’ilz luy pardonnassent s’il disoit qu’ilz parloient comme personnes non accoutusmées·à telles traverses, que le temps démesle beaucoup de choses ausquelles le conseil des hommes ne semble pouvoir remédier, que Dieu abbrège en un moment ce que le temps ne peut produire qu’avec un long progrès  ; seulement qu’ilz eussent patience, et qu’ilz se verroient bien tost hors de ceste anxiété. Or, il négotioit de tirer M. le cardinal de Bourbon de Chinon, et se fit porter à Monsoreau où je fus avec luy, et traicta, (moiennant aussy la bonne entremise de madame la duchesse d’Angoulesme[1]) avec madame de Chavigny qu’il luy seroit remis entre les mains pour en faire ce que le Roy luy commandoit. Les conditions furent qu’il luy bailleroit présentement deux mil escus pour la nécessité de sa garnison de Chinon, lesquelz M. du Plessis emprunta aussy tost afin de n’y manquer ; qu’en recevant M. le cardinal, il luy fourniroit six mil escus content et quatorze mil six mois après, dont il bailleroit sa parole pour caution. Quelques jours auparavant, le sr de Manou, frère de monsr d’O, estoit venu de la part du Roy à présent vers monsr de Chavigny pour mesme effect qui n’avoit

  1. Diane, fille naturelle et légitimée de Henri II.