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jeune, premier valet de chambre, dépeschés du Roy et du Roy de Navarre vers luy, qui luy contèrent toute l’histoire ; le Roy luy escrivoit sa blessure, mais deux heures après il estoit mort[1] ; le Roy de Navarre l’advertissoit de la mort du Roy par eux, luy recommandoit son service sans luy rien limiter, sy non qu’il se reposoit sur luy de tout ce qu’il verroit estre à faire de çà, en regrettant fort sa maladie, et touteffois estimant estre venu à propos qu’elle l’eust retenu où il estoit ; et particulièrement le chargeoit, à quelque prix que ce fust, d’adviser aux moïens de retirer M. le cardinal de Bourbon[2] de Chinon où il estoit entre les mains de M. de Chavigny, sans y rien espargner, fust ce tout son bien, parce qu’il se porteroit incontinent pour Roy s’il pouvoit estre délivré. Sur ceste nouvelle, il retourne toute la nuict à Saumur, sans passer plus outre, et la fièvre luy redoubla  ; mais en chemin, dans le bateau, prévoyant bien que pour contenir les villes, les serviteurs du Roy auroient besoin de forces, il fit plusieurs depesches, et à mesure qu’elles estoient faictes, faisoit mettre à terre quelqu’un des siens pour prendre la poste au premier lieu ; ce qui luy vint très à propos, car M. de Parabère, gouverneur de Nyort, marcha incontinent droict à Saumur, avec partie de son régiment, et les bons serviteurs du Roy à

  1. Les deux rois étaient campés devant Paris et se préparaient à l’assiéger lorsqu’un moine jacobin, Jacques Clément, frappa Henri III d’un coup de couteau dans le ventre, le 2 août 1589. Le roi mourut quelques heures après.
  2. Le cardinal de Bourbon avait été arrêté au moment de l’assassinat des deux Guise, comme ayant trempé avec eux dans la conjuration.