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et autres dont le Roy de Navarre s’estoit départy pour n’eslongner le service de monsr du Plessis d’auprès de sa personne. Mais Dieu, qui veut que nous nous remettions à luy, nous donna ceste retraicte à temps et en lieu plus commode pour servir à son Eglize et aux nostres.

Or ne peut monsieur du Plessis accompagner le Roy au voyage qu’il fit vers Paris avec le feu Roy parce que les labeurs passés luy donnèrent une fièvre tierce fort violente qui luy dura quarante neuf accez. Mais aussy fut ce plus tost l’humeur du temps que la sienne, parce que les mutations qui survinrent pendant icelle avoient plus de puissance pour empirer son mal que le régime ou les médicamens pour l’amender. Je le conduisis à Tours malade en un bateau, tant pour quelques affaires concernant son gouvernement que pour consulter de sa maladie. A deux lieues de là, reposant en une petite hostellerie, il reçoit deux billetz coup sur coup, l’un de monsr de Sr Martin de Villangluse, l’autre de monsieur de Montlouet qui estoit à Tours, et par personnes qui venoient à toute bride. Le premier disoit, en quelque lieu qu’il fust, qu’il ne bougeast plus jusqu’à ce qu’il eust veu un gentilhomme qui l’alloit trouver, le second qu’en quelque lieu qu’il fust, il s’acheminast en toute diligence. Cela le rendoit perplex et d’autant plus qu’enquérant celuy de monsieur de Montlouet, il sceust qu’il avoit entr’ouy que l’un des Rois estoit mort, dont il receut une fort violente douleur, et se jetta sur un lict. A l’heure entrent au logis les sieurs de Lambert, de Périgord, gentilhomme servant du Roy de Navarre, et Armagnac le