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la porte de la ville par M. de Beaulieu Ruzé, secrétaire d’Estat, qui luy en livra les clefz. Tous les gens de bien jugèrent cest effect sy nécessaire qu’il se trouva nombre de volontaires à Tours qui, au desceu du Roy, firent collecte entre eux, baillèrent dix mil escus au sr de Lessart, gouverneur, en pur don, afin qu’il ne fist difficulté de faire ouverture de Saumur. Et ce outre et par dessus la digne récompense que luy en fit le feu Roy tant en deniers qu’en terres de son domaine. Lors aussy fut publiée la déclaration du Roy de Navarre sur son passage de Loire, à laquelle monsr du Plessis mit la main par le commandement et au gré du feu Roy, devant lequel elle fut leue de mot à mot, premier que la faire imprimer. Le 17e le Roy de Navarre y fit son entrée et trois jours après fit une cavalcade vers Chasteau du Loir, en espérance de donner sur quelques trouppes du duc de Maine. Mais il fut contremandé par le Roy qui eut avis que le duc de Maine marchoit avec toutes ses forces, et s’en vint à Maillé, De là, non sans grand contradiction des siens, ny mesmes sans perplexité en soy mesmes, il s’en vint baizer les mains au Roy à Plessis de Tours, conduit par le mareschal d’Aumont[1] et s’asseurant sur sa prud’hommie, et fut la rencontre de ces deux Roys très remarquable, non seulement pour l’ouverture de cœur qu’ilz se firent l’un à l’autre, après les choses passées,

  1. Jean d’Aumont, né en 1522, fidèle serviteur de François Ier, de Henri II, de François II, de Charles IX et de Henri III, fut des premiers à reconnaître Henri IV, et fut fait par lui gouverneur de Champagne, puis de Bretagne. Il mourut en 1595, d’une blessure reçue au siège de Camper, en Touraine.