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de Laval s’estoit retiré en sa maison et s’en estoit remis sur luy ; mais il leur adjousta d’abondant[1] qu’il ne falloit point s’arrester à cela, et qu’infailliblement la guerre alloit recommencer par un autre bout, ceux de Lorraine estant près d’esclatter, et partant qu’ilz ne pouvoient trop tost penser à leurs affaires. Particulièrement exhorta fort S. M. à se déporter de l’acquisition de la Ferté au Vidame, qui luy estoit proposée par feu M. de Ségur, qu’il faloit envoyer ces deniers là en Allemagne pour un secours estranger, dont il ne feut point creu. Monsieur de Turenne, qui estoit sorty fraischement de prison des Pays bas, estoit lors près du Roy de Navarre, vers lequel la malignité de quelques uns luy avoit faict de mauvais offices, au moïen desquelz on avoit tramé, durant son absence, de le leur donner, à M. de Clervant et à luy, pour supérieur en leurs charges. Sa responce fut qu’il seroit trop marry qu’à son occasion le Roy de Navarre perdist un serviteur de telle qualité, ou le rendist moins content, et par tant qu’il estoit prest à la luy remettre, mais qu’il luy estoit plus aysé de n’avoir point de charge que de la posséder avec moins de dignité et d’aucthorité que paravant ; sy on leur vouloit bailler plusieurs compagnons, que ce leur seroient autant de tesmoins de leur intégrité. Et là dessus Sa Majesté ne voulut passer plus outre ; monsieur de Turenne reconnut fort depuis ce mauvais conseil, et fit depuis plus d’estat de l’amityé de M. du Plessis que de ceux qui luy en estoyent autheurs.

  1. Sur-le-champ et de lui-même.