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pour quelque déguoustement qu’avoit le dit Roy de feu M. de Gratemx, son chancelier, luy mit en opinion de luy donner, non pour successeur mais pour collègue, messire Arnoul du Ferrier, conseiller du Roy en son conseil d’Estat, revenant lors fraischement de l’ambassade de Venise, lequel accepta la charge, et en l’acceptant fit profession de la pure religion que de long temps il cachoit, mais non en la forme que M. du Plessis luy persuadoit, et qui estoit, comme nous en avons encore les lettres, que sa conversion devoit estre autre que d’un homme privé et pourtant que publiquement, en une églize célèbre, il devoit déclarer, en un certain jour nommé à cest effect, les causes pour lesquelles, à âge de quatre vingts ans, il se retiroit de l’Eglize romaine, et icelles envoler à tous les Princes et Estatz auxquelz il avoit esté connu. La timidité naturelle l’empescha, combien que d’ailleurs il avoit du zèle beaucoup. En ce même temps aussy, sur le point qu’on prétendoit faire publier le Concile de Trente en France, M. du Plessis fit une remonstrance au contraire laquelle fut imprimée et bien receue de tous les bons François.

En ce temps le viconte de Chaux Navarrois et Undiano, son beau-frère, vinrent en Béarn de la part du roi d’Hespagne, et fust M. du Plessis envoyé par le dit sr Roy qui estoit lors à Nérac pour savoir ce qu’ilz vouloient dire. Leur proposition estoit en somme que, sy le Roy de Navarre vouloit, le Roy d’Hespaigne[1] luy donneroit trois centz mil escus

  1. Philippe II.