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primé à Paris contenant les généalogies de Loraine, il trouva par la lecture qu’il n’étoit fait à autre but que pour monstrer que la couronne appartenoit à la maison de Loraine, qui fut cause qu’il en fit un extrait, lequel il envoya cotté page pour page au roy de France Henry IIIe lequel l’en remercya, mit en son cabinet, et luy commanda de le réfuter, ce qu’il fit. L’autheur, nommé Rozières, archidiacre de Thoul, en fit amende honorable au conseil privé du Roy et on a veu ce qui s’est ensuivy[1] depuis. Advint aussy le premier assassinat de M. le Prince d’Orange[2], duquel il fut en extrême danger, et auquel il l’assistoit assiduellement, mesmes pensant mourir, luy dit à Dieu, avec grande démonstration d’amityé et prière de continuer la mesme affection envers ses enfants. Je ne céleray point icy, quelques affaires que nous eussions eu en Flandres, que j’en partis touteffois avec grand regret, tant pour l’appréhension des misères de la France, que particulièrement pour l’imagination qui ne m’a pas trompée que je seroy plus distraicte de la compaignie de monsieur du Plessis que paravant.

C’estoit en l’an 82, au mois de juillet, et ne fut sy tost de retour à Paris M. du Plessis qu’il receut un paquet du Roy de Navarre par exprès, par lequel il luy commandoit de se trouver à Vitray en Bretagne pour représenter sa personne au synode général très célèbre qui lors s’y tenoit, auquel présidoit

  1. Les prétentions de Guise à la couronne
  2. La tentative d’assassinat de 1582 fut faite par Jaureguy, jeune Espagnol.