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soit festins partout, au lieu de passer à Paris et prendre langue des amys qu’on leur adressoit pour scavoir ce qu’ilz avoient à attendre de feu monseigneur.

De retour à Anvers, où il estoit appelé par la chaleur de ces affaires, il acheva le livre de la Religion chrestienne, qui y fut imprimé par Plantain ; et cela fait, parceque ses affaires domestiques et les publiques l’y appelloient instamment, fit un voyage en France, auquel il fut chargé en passant, de la part de M. le Prince d’Orange et des Estatz, d’ouvrir à feu monseigneur les moïens de secourir Cambray, et de là passer triomphant jusqu’à Anvers. Ce qu’il fit premièrement à la Ferté Gaucher (où il rencontra mon dit Seigneur) en secret, et depuis à Château-Thierry en plein conseil ; mais il se contenta de délivrer Cambray sans passer outre, conseillé de tenir ses peuples en nécessité pour en cheuir plus à propos. De là passa en Guascoigne vers le Roy de Navarre, qui luy déclara qu’il vouloit qu’il se rapprochasst de luy, pour plus n’en partir, usant de ces motz que ce fust au plus vivant des deux. Sur quoy luy donna congé d’aller requérir sa famille en Flandres qu’il ne trouva pas affligée à son retour. Dieu nous avoit donné un filz, qui fust nommé Maurice, duquel furent parains le conte Maurice, fils de monsieur le Prince d’Orange et M. Languet ; maraine, mademoyselle de Perez, de la maison de Lopez Hespagnole, femme de grand piété, lequel troys moys après, et pendant ceste mesme absence, nous fust ravy, tous mes autres enfans malades en toute extrémité. M. Languet aussy, que nous tenions pour père, mourut en mesme temps,