Page:Madame de Mornay - Memoires - tome 1.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

sr de Bussy prétendoit autre ne pouvoir porter que luy ; M. de Turenne, au contraire, que l’enseigne qu’il avoit receue, comme toutes autres, estoit sacrée, laquelle il estoit tenu de rendre telle qu’il l’avoit receue ; et monseigneur inclinoit plus vers le sr de Bussy. Monsr du Plessis fut employé à la composer et fut proposé un expédient, attendu que toutes enseignes d’une seule couleur sont colonelles, que M. de Turenne portast la sienne bleue ou violette, et laissast la blanche au sr de Bussy, chose pratiquée entre le colonel de l’infanterie françoise et celuy de Piedmont ; mais la paix survint, laquelle faitte, les troupes de M. de Turenne se retirèrent mal contentes.

La paix enfin fut faitte à Chastenoy[1] en Gastinois le 7e may 1576, où M. du Plessis assista en la pluspart des délibérations. Et lors prit congé de monseigneur pour pourvoir à ses affaires domestiques, prévoyant, par les humeurs de plusieurs, que ceste paix ne seroit de longue durée ; mais comme il estoit à soupper avec monsieur de Laval, duquel il estoit allé prendre congé, pensant partir le lendemain, monseigneur le manda, et luy donna le choix d’aller en Angleterre ou en Allemaigne pour porter les nouvelles de la paix et déclarer aux Princes estrangers, qui avoient meu monseigneur le duc d’Alençon à la faire, comme auparavant il les avoit advertis de la prise des armes. M. du Plessis préféra

  1. La paix était favorable au parti protestant, surtout à ses grands chefs ; elle accordait des places de sûreté, et promettait la réunion des états généraux.