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rent en Vauge[1]. Mais comme ils pensoient joindre l’armée, au jour nommé, vers Chaumont en Bassigny, ils eurent nouvelle qu’elle n’y avoit séjourné, ains passé outre, ce qu’on imputoit à aucuns qui lors gouvernoient monseigneur le Prince qui ne prenoient pas plaisir que plus gens de bien qu’eux en approchassent. Ainsy ilz furent contraintz de se retirer. Mais avant qu’ilz receussent ceste nouvelle, ilz eurent avertissement de deux cornettes de Reistres logées sur le chemin, qu’ilz se résolurent d’aller déffaire en passant, en les enlevant de plain jour en leur village, et eux, et leurs gens de pied y alloient fort résoluement donner, après avoir tous fait la prière. La difficulté de la retraicte fit changer cest avis par les plus vieux, et à la vérité il succéda bien, veu la nouvelle qui vint après de l’eslongnement de monseigneur le Prince. Ilz se rompirent donq à Louppy, et prindrent un chacun party chés les terres de madame de Bouillon, et M. de Lizi et la plus part de ceux qui estoient partis de Sedan se retirèrent à Francheval. Le jour mesmes j’en fus advertie par un mot de lettre que m’escrivit M. du Plessis, et le feus trouver là. Le lendemain, M. de Lizi et les autres estoient d’avis d’entrer ouvertement à Sedan ; mais monsr du Plessis ne le trouvant bon, craingnant d’offenser madame de Bouillon, délibéra de se retirer pour quelques jours à Bazeilles, dont elle luy sceust gré et luy manda néanmoins d’y entrer, mais secrettement. Nous fusmes donq de retour à Sedan et y séjournasmes jusques au 20e de mars

  1. Les Vosges.