Page:Macrobe (Œuvres complètes), Varron (De la langue latine) Pomponius Méla (Œuvres complètes), avec la traduction en français, 1863.djvu/59

Cette page n’a pas encore été corrigée

nous voyons toujours au-dessus de notre tête le pôle nord, ainsi que Callisto, dont le char craint les flots de Thétis.

De ce que le pôle austral ne peut jamais être visible pour nous, à cause de sa déclivité, il suit que nous ne pouvons apercevoir les astres qui éclairent indubitablement la partie des cieux sur laquelle il est appuyé. Virgile a savamment exprimé cette inclinaison de l’axe dans les vers suivants :

Notre pôle, des cieux voit la clarté sublime ; Du Tartare profond l’autre touche l’abime.

Mais si certaines régions du ciel sont toujours visibles pour l’habitant d’une surface courbe, telle que la terre, et d’autres toujours invisibles, il n’en est pas de même pour l’observateur placé au ciel : la voûte céleste se développe entièrement à sa vue, qui ne peut être bornée par aucune partie de cette surface, dont la totalité n’est qu’un point, relativement à l’immensité de la voûte éthérée. Il n’est donc pas étonnant que Scipion, qui n’avait pu, sur terre, voir les étoiles du pôle méridional, soit saisi d’admiration en les apercevant pour la première fois, et d’autant plus distinctement, qu’aucun corps terrestre ne s’interpose entre elles et lui. Il reconnaît alors la cause qui s’était opposée à ce qu’il les découvrît précédemment : « J’admirais des étoiles que, de la terre où nous sommes, nos yeux n’aperçurent jamais, » dit-il à ses amis.

Voyons maintenant ce que signifient ces expressions : « C’étaient partout des distances et des grandeurs dont nous n’avons jamais pu nous douter. » Et pourquoi les hommes n’avaient-ils jamais pu se douter de la grandeur des étoiles qu’aperçoit Scipion ? Il en donne la raison : « D’ailleurs, les globes étoiles surpassaient de beaucoup la grandeur du nôtre. » Effectivement, quel est le mortel, si ce n’est celui que l’étude de la philosophie a élevé au-dessus de l’humanité, ou plutôt qu’elle a rendu vraiment homme, qui puisse juger par induction qu’une seule étoile est plus grande que toute la terre ? L’opinion vulgaire n’est-elle pas que la lumière d’un de ces astres égale à peine celle d’un flambeau ? Mais s’il est prouvé que cette grandeur de chacune des étoiles est réelle, leur grandeur en général se trouvera démontrée. Établissons donc cette preuve.

Le point, disent les géomètres, est indivisible, à cause de sa petitesse infinie ; ce n’est pas une quantité, mais seulement l’indicateur d’une quantité. La physique nous apprend que la terre n’est qu’un point, si on la compare à l’orbite que décrit le soleil ; or, d’après les mesures les plus exactes, la circonférence du disque du soleil est à celle de son orbite comme l’unité est à deux cent seize. Le volume de cet astre est donc une partie aliquote du cercle qu’il parcourt ; mais nous venons de dire que la terre n’est qu’un point relativement à l’orbite solaire, et qu’un point n’a pas de parties. On ne peut donc pas hésiter à regarder le soleil comme plus grand que la terre, puisque la partie d’un tout est plus grande que ce qui est privé de parties par son excessive ténuité. Or, d’après l’axiome que le contenant est plus grand que le contenu, il est évident que les orbites des étoiles plus élevées que le soleil sont plus grandes que la sienne, puisque, les corps célestes observant entre eux un ordre progressif de grandeur, chaque sphère supérieure enveloppe celle qui lui est inférieure. C’est ce que confirme Scipion, qui dit, en parlant de la lune, que la plus petite de ces étoiles est située