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qu’il est comme le sédiment de la matière céleste, se trouve être la plus pure substance de la matière animale. Voilà quelle est la différence qui se trouve entre les corps terrestres et les corps célestes (j’entends le ciel, les astres, et les autres éléments divins) : c’est que ceux-ci sont attirés en haut vers le siège de l’âme et vers l’immortalité par la nature même de la région où ils sont, et par un désir d’imitation qui les rappelle vers sa hauteur ; au lieu que l’âme est entraînée vers les corps terrestres, et qu’elle est censée mourir lorsqu’elle tombe dans cette région caduque, siège de la mortalité.

Qu’on ne soit pas surpris que nous parlions si souvent de la mort de l’âme, que nous avons dit être immortelle. L’âme n’est pas anéantie ni détruite par cette mort, elle n’est qu’accablée pour un temps ; et cette oppression momentanée ne la prive pas des prérogatives de l’immortalité, puisque, dégagée ensuite du corps, après avoir mérité d’être purifiée des souillures du vice qu’il lui avait communiquées, elle peut être rendue de nouveau au séjour lumineux de son immortalité. Nous venons, je crois, de déterminer clairement le sens de cette expression, vie et mort de l’âme, que le sage et docte Cicéron a puisée dans le sanctuaire de la philosophie.

Chap. XIII. Il est pour l’homme deux sortes de morts : l’une a lieu quand l’âme quitte le corps, la seconde lorsque l’âme restant unie au corps, elle se refuse aux plaisirs des sens, et fait abnégation de toutes jouissances et sensations matérielles. Cette dernière mort doit être l’objet de nos vœux ; nous ne devons pas hâter la première, mais attendre que Dieu lui-même brise les liens qui attachent l’âme au corps.

Scipion, qui voit en songe le ciel, récompense des élus, exalté par cet aspect, et par la promesse de l’immortalité, confirmé en outre dans cet espoir si brillant et si glorieux à la vue de son père, de l’existence duquel il s’était informé, et qui lui avait paru douteuse, voudrait déjà n’être plus, pour jouir d’une nouvelle vie. Il ne s’en tient pas à verser des larmes lorsqu’il aperçoit l’auteur de ses jours, qu’il avait cru mort ; à peine est-il remis de son émotion, qu’il lui exprime le désir de ne le plus quitter : cependant ce désir est subordonné aux conseils qu’il attend de lui ; ainsi la prudence s’unit ici à la piété filiale. Nous allons maintenant analyser la consultation, et les avis auxquels elle donne lieu. « Ô le plus révéré et le meilleur des pères ! puisque c’est ici seulement que l’on existe, comme je l’apprends de mon aïeul, que fais-je donc plus longtemps sur la terre, et pourquoi ne me hâterais-je pas de vous rejoindre ? — Gardez-vous en, me répondit-il ; l’entrée de ces lieux ne vous sera permise que lorsque le Dieu dont tout ce que vous apercevez est le temple aura fait tomber les chaînes qui vous garrottent ; car les hommes sont nés sous la condition d’être les gardiens fidèles du globe que vous voyez au milieu de ce même temple, et qu’on appelle la terre : leur âme est une émanation de ces feux éternels que vous nommez constellations, étoiles, et qui, corps arrondis et sphériques, animés par des esprits divins, font leurs révolutions et parcourent leurs orbites avec une incroyable célérité. Ainsi, Publius, vous et tous les hommes religieux, devez laisser à cette âme son enveloppe terrestre, et ne pas sortir de la vie sans l’ordre de celui qui vous l’a donnée ; car ce serait vous soustraire à la tâche que vous imposa Dieu lui-même. »