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sous ces deux rapports, cette différence est la même entre l’air et le feu qu’entre l’eau et l’air ; par opposition, il existe une même différence de rarité et de légèreté entre l’air et l’eau qu’entre l’air et le feu, et cette relation qu’ils ont entre eux subsiste au même degré entre la terre et l’eau. Ces rapports de différences égales entre les éléments, relativement à leur adhérence respective, ont encore lieu par alternation, car la terre est à l’air comme l’eau est au feu ; ils ont lieu aussi par inversion : leur union résulte donc de l’égalité de leurs différences.

D’après ce qui vient d’être dit, on voit clairement que la construction d’un plan exige une moyenne proportionnelle entre deux extrêmes, et que celle d’un solide veut de plus une seconde moyenne proportionnelle. Le septième nombre a donc en lui deux moyens coercitifs, par ses composants trois et quatre, qui ont été doués les premiers de la faculté d’enchaîner leurs parties, l’un avec un seul intermédiaire, et l’autre avec deux ; aussi verrons-nous Cicéron assurer, dans un passage de ce songe, qu’il n’est presque aucune chose dont le nombre septénaire ne soit le nœud. Ajoutons que tous les corps sont géométriques ou physiques. Les premiers sont le produit de trois degrés successifs d’accroissement : en se mouvant, le point décrit la ligne, celle-ci la surface, et la surface le solide. Les seconds doivent leur nutrition et leur développement à l’affinité des particules alimentaires que fournissent en commun les quatre éléments. De plus, tous les corps ont trois dimensions, longueur, largeur et profondeur ; ils ont quatre limites, y compris le résultat final : le point, la ligne, la surface, et le solide lui-même. Ajoutons qu’entre les quatre éléments principes de tous les corps, la terre, l’eau, l’air et le feu, il se trouve nécessairement trois interstices, l’un entre la terre et l’eau, un autre entre l’eau et l’air, et un troisième entre l’air et le feu. Le premier interstice a reçu des physiciens le nom de nécessité, parce qu’il a, dit-on, la vertu de lier et de consolider les parties fangeuses des corps : Puissiez-vous tous, dit en maudissant les Grecs un des personnages d’Homère, puissiez-vous tous être résous en terre et en eau ! Il entend par là le limon, matière première du corps humain. L’interstice entre l’eau et l’air se nomme harmonie, c’est-à-dire convenance et rapport exact des choses, parce qu’il est le point de jonction des éléments inférieurs et supérieurs, et qu’il met d’accord des parties discordantes. On appelle obéissance l’interstice entre l’air et le feu ; car si la nécessité est un moyen d’union entre les corps graves et limoneux, et les corps plus légers, c’est par obéissance que ces derniers s’unissent aux premiers : l’harmonie est le point central auquel se rattache le tout. La perfection d’un corps exige donc le concours des quatre éléments et de leurs trois interstices ; donc aussi les nombres trois et quatre, unis entre eux par tant de rapports obligés, mettent en commun leurs propriétés pour la formation des corps. Indépendamment de l’association de ces deux nombres pour le développement des solides, le quaternaire est, chez les pythagoriciens, un nombre mystérieux, symbole de la perfection de l’âme ; il entre dans la formule religieuse de leur serment,