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loi Fannia fut suivie de la loi Didia; cette dernière eut deux motifs: le premier et le principal fut d'étendre les lois somptuaires de Rome à toute l'Italie, car les Italiens pensaient que la loi Fannia ne les concernait pas; et qu'elle n'était obligatoire que pour les seuls citoyens de Rome; le second fut de rendre passibles des pénalités de la loi, non seulement ceux qui dans les festins qu'ils avaient don nés avaient dépassé les bornes prescrites, mais encore ceux qui avaient été invités à ces festins, ou qui y avaient assisté de quelque manière que ce fût. Après la loi Didia vint la loi Licinia, présentée par P. Licinius Crassus le riche, à la confection de laquelle les plus distingués citoyens mirent tant de zèle, que le sénat ordonna, par extraordinaire, qu'aussitôt après sa promulgation elle devint obligatoire pour tout le monde, comme si elle eut été soumise à l'acceptation du peuple, et avant d'attendre sa confirmation dans les trinundines. Cette loi ressemblait à la loi Fannia, à quelques changements près. En effet, on n'avait voulu qu'obtenir l'autorité d'une loi nouvelle, l'ancienne commençant à tomber en désuétude; et en cela on ne fit en vérité que ce qui s'est pratiqué pour les lois des Douze Tables. Lorsque leur antiquité commença à les affaiblir? on fit passer leurs dispositions dans de nouvelles lois, qui prirent le nom de ceux qui les présentèrent. Les principales dispositions de la loi Licinia consistaient à défendre aux Romains d'employer à leur nourriture, chacun des jours des calendes, des nones et des nundines, plus de cent as: quant aux autres jours qui ne sont point compris dans cette catégorie, il était défendu de servir sur la table plus de trois livres de viande sans apprêt, et d'une livre de viande d'apprêt, sans comprendre les fruits de la terre, de la vigne et des ar bres. Je vois déjà la réflexion que de pareilles dispositions vont faire naître: C'était donc un siècle bien sobre que celui où les lois pouvaient circonscrire à tel point la dépense des repas? Mais il ne faut point raisonner ainsi ; car les lois somptuaires n'étaient proposées que par une seule personne, tandis qu'elles devaient corriger les vices de toute la cité; et certainement l'on n'aurait pas eu besoin de pareilles lois, si l'on n'eût vécu au milieu des mœurs les plus corrompues et les plus dissipatrices: c'est un ancien adage, que les bonnes lois sont enfantées par les mauvaises mœurs. A ces lois succéda la loi Cornélia, qui fut aussi une loi somptuaire que présenta le dictateur Cornélius Sylla : cette loi ne prohibait pas la magnificence des festins, ne prescrivait pas de bornes à la gourmandise; mais elle diminuait le prix des denrées : et quelles denrées, bon Dieu! quel genre de sensualités recherchées, et à peu près inconnues aujourd'hui ! quels poissons et quels mets y sont nommés ! et cependant la loi leur assigne de bas prix. Je ne craindrai pas d'avancer que ce bas prix des mets invitait à s'en procu rer une grande quantité et permettait aux personnes peu riches de satisfaire leur gourmandise. Pour dire tout ce que je pense, celui-là me paraît entaché de luxe et de prodigalité qui se fait servir immodérément, encore que ce soit à peu de frais : ainsi donc notre siècle doit être considéré comme beaucoup plus sobre que celui dont il est question, puisque chacun de nous ne connaît tout au plus que de nom la plupart des objets dont la loi de Sylla parle comme étant alors d'un usage vulgaire. Après la mort de Sylla, le consul Lépidus porta aussi une loi alimentaire, car