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relatif aux nombres ; le voici : « Car, lorsque votre vie mortelle aura parcouru un cercle composé de sept fois huit révolutions du soleil, et que du concours de ces nombres, tous deux réputés parfaits, mais par des causes différentes, la nature aura formé le nombre fatal qui vous est assigné, tous les yeux se tourneront vers vous, votre nom sera dans toutes les bouches ; le sénat, les bons citoyens, les alliés, mettront en vous leurs espérances, et vous regarderont comme l’unique appui de l’État ; en un mot, vous serez nommé dictateur, et chargé de réorganiser la république, si toutefois vous échappez aux mains parricides de vos proches. »

C’est avec raison que le premier Africain attribue aux nombres une plénitude qui n’appartient, à proprement parler, qu’aux choses divines et d’un ordre supérieur. On ne peut, en effet, regarder convenablement comme pleins des corps toujours prêts à laisser échapper leurs molécules, et à s’emparer de celles des corps environnants. Il est vrai qu’il n’en est pas ainsi des corps métalliques ; cependant on ne doit pas dire qu’ils sont pleins, puisqu’ils ont de nombreux interstices.

Ce qui a fait regarder tous les nombres indistinctement comme parfaits, c’est qu’en nous élevant insensiblement par la pensée, de la nature de l’homme vers la nature des dieux, ce sont les nombres qui nous offrent le premier degré d’immatérialité. Il en est cependant parmi eux qui présentent plus particulièrement le caractère de la perfection, dans le sens que nous devons attacher ici à ce mot : ce sont ceux qui ont la propriété d’enchaîner leurs parties, les nombres carrés multipliés par leurs racines, et ceux qui sont solides par eux-mêmes. Ces corps ou solides, qui ne tombent pas sous les sens, ne peuvent être conçus que par l’entendement ; mais, pour nous expliquer clairement, reprenons les choses d’un peu plus haut.

Tous les corps sont terminés par des surfaces qui leur servent de limites ; et ces limites, fixées immuablement autour des corps qu’elles terminent, n’en sont pas moins considérées comme immatérielles. Car, en considérant un corps, la pensée peut faire abstraction de sa surface, et réciproquement ; la surface est donc la ligne de démarcation entre les êtres matériels et les êtres immatériels : cependant ce passage de la matière à l’immatérialité n’est pas absolu, attendu que, s’il est dans la nature de la surface d’être en dehors des corps, il l’est aussi de n’être qu’autour des corps ; de plus, on ne peut parler d’un corps sans y comprendre sa surface : donc leur séparation ne peut être effectuée réellement, mais seulement par l’entendement. Cette surface, limite des corps, est elle-même limitée par des points : tels sont les corps mathématiques sur lesquels s’exerce la sagacité des géomètres. Le nombre de lignes qui limitent la surface d’une partie quelconque d’un corps, est en raison de la raison de la forme sous laquelle se présente cette même partie : si cette portion de surface est triangulaire, elle est terminée par trois lignes ; par quatre, si elle est carrée. Enfin, le nombre de lignes qui la limitent égale celui de ses angles, et ces lignes se touchent par leurs extrémités.

Nous devons rappeler ici au lecteur que tout corps a trois dimensions, longueur, largeur, profondeur ou épaisseur. La ligne n’a qu’une de ces dimensions, c’est la longueur ; la surface en a