Page:Machiavel commenté par Napoléon Buonaparte.djvu/135

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pas tenir en tout le chemin suivi par les anciens, ni s’élever à la perfection des modèles qu’ils se proposent ; l’homme prudent doit choisir seulement les voies battues par de grandshommes, et imiter ceux d’entr’eux qui ont surpassé les autres, afin que s’il ne parvient pas à les égaler, ses actions ayent du moins quelque ressemblance avec les leurs (1). Il doit faire comme les arbalétriers bien avisés qui, voyant leur but trop éloigné pour la force de leur arc, visent beaucoup plus haut que l’objet qu’ils ont en vue, non pour que leur vigueur et leurs flèches atteignent un point de mire à cette hauteur, mais afin de pouvoir, en mirant ainsi, parvenir en ligne parabolique à leur but véritable (2).

Je dis donc que dans les principautés qui sont nouvelles en tout, et dont par conséquent le prince est nouveau, il y a plus ou moins de difficulté à les conserver,

(1) Passe pour cela. G.

(2) Je ferai voir qu’en ayant l’air de viser plus bas, l’on peut y arriver également. G.