Page:Machiavel - Oeuvres littéraires - trad Peries - notes Louandre - ed Charpentier 1884.djvu/402

Cette page a été validée par deux contributeurs.

qu’ils fussent arrivés au logement du duc, et faits prisonniers. Il ordonna ensuite à son armée, dont la force consistait en plus de deux mille hommes de cavalerie et de dix mille d’infanterie, de se trouver à la pointe du jour sur les bords du Metauro, fleuve éloigné de Fano d’environ cinq milles, et de l’attendre en cet endroit. S’étant donc trouvé le dernier jour de décembre sur le Metauro, avec toutes ses troupes, il fit avancer environ deux cents cavaliers ; son infanterie se mit ensuite en marche et il la suivit immédiatement en personne, à la tête du reste de ses hommes d’armes.

Fano et Sinigaglia sont deux villes de la Marche, situées sur les bords de la mer Adriatique, et éloignées l’une de l’autre de quinze milles ; de manière que celui qui se rend à Sinigaglia a sur sa droite des hauteurs dont la base se rapproche quelquefois si près de la mer, qu’il ne reste qu’un passage extrêmement resserré entre les eaux et la montagne : l’endroit où elles s’éloignent le plus de la mer n’a guère que deux milles de largeur.

La ville de Sinigaglia est à peu près à la distance d’un jet d’arc de la base de ces montagnes, et son éloignement de la mer est tout au plus d’un mille. À côté coule une petite rivière qui baigne la partie des murs de la ville qui regarde Fano, en face de la route. Cependant, lorsqu’on arrive près de Sinigaglia, on suit une assez grande partie de chemin le long des montagnes ; mais lorsqu’on est parvenu à la rivière qui baigne les murs, on tourne sur la main gauche, et l’on suit le rivage pendant l’espace à peu près d’un trait d’arc, jusqu’à ce que l’on arrive à un pont qui traverse la rivière presque en face de la porte par laquelle on entre dans la ville, non en ligne directe, mais sur le côté : au-devant de la porte, on trouve un faubourg composé de plusieurs maisons, et d’une place dont la rive du fleuve forme un des côtés.

Les Vitelli et les Orsini, dans l’intention de recevoir le duc d’une manière honorable, et de pouvoir loger ses troupes, avaient donné l’ordre aux leurs de sortir de la ville, et de se retirer dans quelques châteaux forts situés