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venir à bout de tes projets avant demain, à la même heure. Et quand le docteur serait homme (chose dont il est bien loin) à rechercher si tu es ou non un véritable médecin, la brièveté du temps, la chose en elle-même, ne lui permettront pas de concevoir des soupçons ; et vînt-il à savoir ce que tu es en effet, il n’aura pas le temps de déjouer notre intrigue.

CALLIMACO.

Tu me rends la vie. Ah ! cette promesse est trop belle, et tu me repais d’espérances trop magnifiques ! Comment t’y prendras-tu ?

LIGURIO.

Tu l’apprendras quand il en sera temps ; en ce moment il ne convient pas que je t’en dise davantage : le temps d’agir peut nous manquer ; nous en aurons toujours assez pour parler. Va m’attendre chez toi ; de mon côté, je vais aller trouver le docteur, et si je parviens à te l’amener, tu lui parleras dans le même sens que moi, et conformément à ce que nous venons de convenir.

CALLIMACO.

Je ferai tout ce que tu voudras, quoique je tremble que l’espoir dont tu me repais ne se dissipe en fumée.


INTERMÈDE DU Ier ACTE.

CHANSON.

Amour, celui qui n’a point éprouve jusqu’où va ta puissance, espère vainement connaître les plus pures délices du ciel. Il ne sait comment l’on vit et l’on meurt tout à la fois ; comment on aime un autre encore plus que soi-même ; et combien souvent la crainte et l’espérance glacent et brûlent le cœur ; il ignore enfin combien les hommes et les dieux redoutent également les traits dont tes mains sont armées.

FIN DU PREMIER ACTE.