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14 LA MANDRAGORE L1GURIO. Je ne puis assez m’étonner qu’ayant vu tant d’eau, vous fassiez difficulté d’aller au bain. MESSER NICIA. Tu as encore à la bouche le lait de ta nourrice. Crois- tu que ce ne soit pas une histoire, de déménager toute une maison ? Cependant je désire si fort d’avoir des en¬ fants, que je suis prêt à tout faire. Mais dis-en deux mots à ces docteurs ; sache d’eux où. il vaut mieux que j’aille. Je vais chez ma femme, et nous nous retrouve¬ rons chez elle. LIGURIO. C’est bien dit. SCÈNE III. LIGURIO, CALLIM VCO. LIGURIO. Je ne crois pas qu’on puisse trouver dans le monde un homme plus imbécile que celui-là ; et cependant combien la fortune l’a favorisé ! Il est riche, il aune femme belle, sage, aimable, et capable de gouverner un royaume. Il me semble qu’il est bien rare de voir se vérifier dans les mariages le proverbe qui dit : Dieu fait les hommes et ils s’apparient ’ car souvent un homme de mérite de¬ vient le partage d’une bête, ou bien une femme sage tombe entre les mains d’un sot. Mais on peut tirer du moins de la stupidité de notre homme un avantage : c’est que Gallimaco ne doit pas perdre tout espoir. Mais le voici. Holà ! Gallimaco, que viens-tu chercher ici ? CALLIMACO. Je t’avais vu avec le docteur, et j’attendais que tu le quittasses pour savoir ce que tu avais fait avec lui. LIGURIO. C’est un homme dont tu connais le caractère : dé¬ pourvu de bon sens, il a moins de courage encore ; et c’est à contre-cœur qu’il s’éloigne de Florence. Cepen¬ dant je l’ai un peu réchauffé ; et il m’a dit enfin qu’il était prêt à tout faire. Je crois bien que nous aurons la