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. ACTE I, SCÈNE I. 11 core eu ; et ils brûlent d’autant plus d’en avoir, qu’ils sont extrêmement riches. J’aurais bien un troisième motif : la mère de Lucrèce était dans son temps une com¬ mère ; mais, par malheur, elle n’a besoin de rien ; et je ne sais comment m’y prendre avec elle. SIRO. Avez-vous déjà tenté quelque chose ? CALLIMACO. Oui, mais bien peu. SIRO. Et quoi encore ? CALLIMACO Tu connais Ligurio, qui vient continuellement manger avec moi. Il était d’abord courtier de mariages ; depuis, il s’est mi s à mendier des dîners et des soupers ; et comme il possède une humeur*joviale, messer Nicia le reçoit familièrement. Ligurio s’en moque un peu ; et quoiqu’il ne l’invite jamais à dîner, il lui prête quelquefois de l’argent. Je me suis mis tout à fait dans ses bonnes gr⬠ces ; je lui ai fait confidence de mon amour, et il a pro¬ mis de m’aider des pieds et des mains. SIRO Prenez garde qu’il ne vous trompe ; ces parasites ne sont point habitués à agir de bonne foi. CALLIMACO. Gela est vrai. Néanmoins, quand un homme trouve son intérêt à faire une chose, il y a lieu de croire, lors¬ qu’on le lui fait apercevoir, qu’il agira de bonne foi. Je lui ai promis, s’il réussit, une bonne somme d’argent. S’il échoue, il n’en aura pas moins son dîner et son souper ; car je ne puis m’habituer à manger seul. SIRO. Mais jusqu’à présent qu’a-t-il promis de faire ? CALLIMACO. Il m’a promis de persuader à messer Nicia de mener sa femme aux bains durant ce mois de mai. SIRO. Et à quoi cela vous senira-t-il ?