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PORTRAITS HISTORIQUES ET LITTÉRAIRES.

Branthôme fit une partie de la campagne, non plus à la tête de sa compagnie, qu’il avait résignée dans un jour de mauvaise humeur, mais dans l’état-major de Monsieur, général de l’armée royale. Il nous semble douteux qu’il ait assisté aux batailles de Jarnac et de Moncontour. Dès le début de la campagne il avait été atteint d’une fièvre intermittente, et bientôt obligé de se retirer dans son abbaye. Elle était alors fort exposée, le Périgord étant envahi par le gros des forces calvinistes. Ce fut à peu de distance de Branthôme que les reîtres allemands commandés par le duc de Deux-Ponts firent leur jonction avec l’armée de l’amiral. Tous les chefs protestants, moins le duc, qui mourut d’indigestion en arrivant, se logèrent dans l’abbaye, où se trouvèrent à la fois Henri IV, âgé de seize ans, son cousin le prince de Condé, les princes d’Orange et de Nassau, et l’amiral lui-même. La courtoisie de l’abbé commendataire, ses relations anciennes avec les chefs protestants, valurent à l’abbaye un traitement auquel les moines ne s’attendaient guère. On ne pilla point, on ne cassa pas les verrières, on ne mutila pas les statues des saints, exploits ordinaires des réformés ; bien plus, on permit aux religieux de dire leurs offices comme à l’ordinaire. Coligny s’entretint fa-