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ments de quelqu’un qui n’est pas connaisseur en pierres, à qui des joailliers ont dit : « Cette pierre est fausse, » et qui pourtant la voit briller admirablement ; qui se dit quelquefois : « Si les joailliers ne se connaissaient pas en diamants ! s’ils s’étaient trompés ou s’ils voulaient me tromper ! ». Je regarde donc de temps en temps (le moins que je puis) mon diamant, et, toutes les fois que je le regarde, je le trouve un vrai diamant en tous points. C’est dommage qu’il ne me soit pas possible de faire une expérience chimique concluante. Qu’en dites-vous ? Si je vous voyais, je vous expliquerais ce que cette affaire a d’obscur et vous me donneriez quelque bon conseil ou, ce qui vaudrait peut-être mieux, vous me feriez oublier mon diamant vrai ou faux, car il n’y a pas de diamant qui soutienne la comparaison avec deux beaux yeux noirs. Adieu ; j’ai horriblement mal au coude gauche, sur lequel je m’appuie pour vous écrire ; et puis vous ne méritez pas qu’on vous écrive trois pages petit texte. Vous ne m’envoyez que quelques lignes d’écriture très-lâches, et, de vos trois lignes, il y en a toujours deux qui me mettent en colère.