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quille pour un temps assez long. Je ne pense pas que la guerre civile, ou plutôt la guerre sociale soit finie ; mais une nouvelle bataille aussi effroyable me semble impossible. Il a fallu pour l’amener une infinité de circonstances qui ne peuvent plus se reproduire. Quand vous reviendrez, vous ne trouverez guère les traces hideuses que votre imagination vous représente probablement. Les vitriers et les badigeonneurs en ont déjà fait disparaître la plus grande partie. Mais j’ai peine à croire que vous ne nous trouviez pas à tous la mine allongée, et encore plus triste que lorsque vous êtes partie. Que voulez-vous ! c’est le régime actuel et il faut s’y habituer. Petit à petit, nous en viendrons à ne plus penser au lendemain et à nous trouver très-heureux quand nous nous éveillerons le matin ayant notre soirée assurée. Au fond, ce qui me manque le plus à Paris, c’est vous, et je crois que, si vous y étiez, je trouverais le reste très-bien. Le temps s’est remis à la pluie depuis trois jours. Maintenant, je la vois tomber avec la plus grande insouciance ; mais je ne voudrais pas cependant que cela durât trop. Vous me parlez en termes si généraux de votre