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sterné par cette averse et ce qui s’ensuit, que je suis devenu tout confit en douceur et en abnégation de moi-même. J’ai maintenant assez de confiance en vous pour croire que vous ne vous en prévaudrez pas pour devenir tyrannique. Vous y avez, je crains, de grandes dispositions ; ç’a été mon défaut autrefois : je dis la tyrannie, mais j’en suis corrigé, je m’en flatte. Adieu donc, dearest ! Pensez donc un peu à moi.

XLIV

27 janvier 1843.

Voici ce qui m’est arrivé. J’étais très-souffrant ce matin, et j’ai été obligé de sortir pour affaires de mon commerce ; je suis rentré vers cinq heures assez furieux, et je me suis endormi devant mon feu en fumant un cigare et en lisant le docteur Strauss. Or, il me semblait que j’étais dans le même fauteuil, mais lisant éveillé, lorsque vous êtes entrée et m’avez dit : « N’est-ce pas que c’est la manière la plus simple de nous voir ? — Pas trop bonne, » disais-je, car il me semblait