Page:Mérimée, Lettres à une inconnue 1,1874.djvu/14

Cette page a été validée par deux contributeurs.
iv
PROSPER MÉRIMÉE

que l’on sert, même à l’école que l’on préfère, même à la science qu’on cultive, même à l’art où on excelle ; si parfois on descend en volontaire dans la mêlée, le plus souvent on se tient à part. Il eut de bonne heure quelque aisance, puis un emploi commode et intéressant, l’inspection des monuments historiques, puis une place au sénat et des habitudes à la cour. Aux monuments historiques, il fut compétent, actif et utile ; au sénat, il eut le bon goût d’être le plus souvent absent ou muet ; à la cour, il avait son indépendance et son franc-parler. Voyager, étudier, regarder, se promener à travers les hommes et les choses, telle a été son occupation ; ses attaches officielles ne le gênaient pas. D’ailleurs, un homme d’autant d’esprit se fait respecter quand même ; son ironie transperce les mieux cuirassés. Il faut voir avec quelle désinvolture il la manie, jusqu’à la tourner contre lui-même, et faire coup double. — Un jour, à Biarritz, il avait lu une de ses nouvelles devant l’impératrice. « Peu après