Page:Méric - À travers la jungle politique et littéraire, 2e série, 1931.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il y eut des bagarres. Certain mercredi soir, il y eut même une petite émeute avec, au tableau, une douzaine d’agents blessés et un mort.

C’est alors que ces messieurs de l’Action Française montrèrent le bout de l’oreille. Ils se révélèrent ce qu’ils étaient en réalité, ce qu’ils n’avaient jamais cessé d’être : des réactionnaires bornés, porte-parole de la cléricaille, paladins de l’obscurantisme. Après tant d’années disparues j’évoque ces vieilles choses en toute objectivité, sans la moindre goutte de ressentiment dans mon encrier. Mais alors ?… Un article de Maurice Pujo, larmoyant sur le cadavre de l’agent tué le soir de l’émeute, mit le feu aux poudres.

Ces messieurs du Royal-Camelot, qui ne cessaient de se colleter avec la police, bafouaient les autorités et cognaient sans ménagements sur les défenseurs de l’ordre, nous paraissaient tout à fait mal venus de pleurnicher comme des crocodiles sur la dépouille d’un policier. Nous le leur fîmes savoir, rudement. Et les polémiques s’envenimèrent.

En même temps, on commençait par se sentir un peu agacé par tout le bruit que faisaient les royalistes au Quartier Latin. Grâce aux ressources dont ils disposaient, ils pouvaient organiser des bandes, enrôler de pauvres bougres et, armés de matraques solides, tenir le haut du pavé.

Cela marcha bien quelque temps. Bientôt les jeunes républicains, exaspérés, résolurent de résister. Les troubles commencèrent. Par malheur, les camelots du Roi étaient les plus nombreux et les mieux disciplinés. Ils obéissaient à des mots d’ordre. Ils perturbaient les réunions. Puis, lâchés dans les cafés et brasseries du Quartier, ils continuaient, brimant les autres, emplissant toutes les salles de leurs bravades.