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de l’autocratie, sa force métaphysique. Et cette myopie est cruellement punie.

Nicolas II ne peut pas donner la constitution parce que cela serait pour lui l’acte d’un traître. Il pourrait monter héroïquement sur l’échafaud, souffrir pour « sa foi », mais jamais il ne consentira à l'unique action terrifiante pour lui en tant que fidèle de l’Eglise, dont il est le souverain pontife : trahir l’orthodoxie et l’autocratie. Les révolutionnaires positivistes en apparence, mais profondément mystiques, bien qu’inconsciemment, le sentent de tout leur être et de là leur haine sainte et indéracinable de l’autocratie. Ils haïssent Nicolas II, non seulement en tant que personnalité — ce n’est point un scélérat — mais comme une vivante incarnation de toutes les calamités qui se sont abattues sur la Russie, la cause de l’impasse dans laquelle elle s’est égarée. Et c’est seulement après en avoir fini avec le principe monarchique que la Russie sera, sinon sauvée, tout au moins dans la possibilité de commencer une nouvelle période historique. Il faut abolir l’autocratie. En ceci les révolutionnaires sont d’accord avec tout ce qui pense en Russie ; mais tandis que les cadets espèrent accomplir cette transformation la plus sérieuse de toute l’histoire de la Russie d’une façon pacifique, sans douleur, par des moyens minuscules,