Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/75

Cette page n’a pas encore été corrigée

travail et du capital n’est admise sous aucune forme ; le s grèves, considérées comme des émeutes, sont réprimées par la force armée ; les gendarmes s’installent dans les fabriques. Il n’y a point de débouchés intérieurs, le principal acheteur est le gouvernement lui-même. Presque tout ce que le pays produit est employé par l’Etat pour l’armée et les chemins de fer ; dès que l’unique acheteur est rassasié la crise industrielle commence, la félicité de la bourse est terminée, les étrangers ruinés repartent, la question ouvrière se pose d’une manière tout à fait alarmante.

Alexandre III meurt au début de cette crise ; pendant le couronnement de son fils commencent les premières grèves menaçantes. Alexandre III n’est plus, mais Witte existe. Comprenant d’instinct le rôle fatal de cet homme, Nicolas II le hait, mais il ne peut s’en Séparer.

C’est le seul homme de talent dans le gouvernement, mais il a attiré sur la Russie d’innombrables calamités. Avec une hâte fiévreuse il embrouilla le mécanisme étatique, rendit toutes les questions plus pressantes et n’y répondit point. Mais peut-être l’histoire l'acquittera-t-elle. Son activité fiévreuse et « impie » était nécessaire pour faire fondre la maison de glace élevée par Alexandre III. Si l’on admet l’impossibilité d’une évolution dans