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ses buts, il fut obligé de recourir à des violences que l’appui d’une sanction religieuse pouvait seule lui permettre. Aussi, après s’être soumis l’Eglise, il s’efforça de l’utiliser comme soutien de l’autocratie. L’empereur laïque ne cessa pas un instant d’être un Tsar orthodoxe.

Le génie de Pierre était à peine suffisant pour arriver à bout de cette double tâche. Les rapports entre l’orthodoxie et le pouvoir laïque furent de plus en plus embrouillés sous ses successeurs. Tant que le trône fut occupé par des incroyants, comme Catherine II, la contradiction intérieure de l’union de l’empire avec l’orthodoxie ne se manifesta pas trop nettement.

L’avènement d’un empereur croyant suffit pour montrer le chaos de cette organisation contre-nature, ce que l’on vit sous Paul Ier que son fils fut forcé de tuer, sous Alexandre Ier, Alexandre III et maintenant surtout sous Nicolas II.

L’empire de Pierre, l’absolutisme éclairé du XVIIIe siècle, aurait dû logiquement aboutir chez nous, comme en Occident, au libéralisme, à la limitation du pouvoir absolu. L’absolutisme a rempli son grand rôle historique ; renier son importance au point de vue de la culture serait aussi inepte que ne point admettre celle de l’Église. L’épanouissement même de l’absolutisme, le fait qu’il