Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/62

Cette page n’a pas encore été corrigée

voir alors leur incompatibilité. Pierre apporta à l’Eglise les dons saints de la culture occidentale, et l’Eglise loin de séparer le bon grain de l’ivraie et de bénir ce qui était vraiment saint, maudit tout en bloc. L’Eglise, forme historique, orthodoxe, nationale de la chrétienté n’avait rien à voir avec la culture. Elle ne voulut même pas s’en approcher. Sentant la raison avec lui, Pierre passa outre au refus de l’Eglise et si elle se fût maintenue comme une force indifférente, ne lui marquant pas d’hostilité, il lui aurait accordé une pleine liberté, de même qu’il ne s’immisçait point dans les affaires de ses sujets non orthodoxes.

Mais voyant clairement que l’Eglise ne pouvait rester telle, il se hâta de la soumettre. Le dilemme suivant se posait alors : ou briser la résistance de l’Eglise en vue du progrès humain, ou rejeter la culture pour la gloire de l’Eglise. Ce fut la première proposition que Pierre adopte, et c’est de quoi il tire mérite devant l’histoire, de même que c’est ici que commence l’impasse où s’est égarée l’autocratie contemporaine. Pierre amoindrit la signification de l’Eglise, il la traita comme un moyen, et l’Eglise se vengea. Pierre ayant été en Occident avait vu les embarras que la soumission au pape créait au pouvoir absolu. Haïssant ce l’esprit papal » il se proclama lui-même pape. « Je