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l’Etat pour de nombreux dissidents, et des prisons ecclésiastiques pour leur propre clergé. L’Eglise orthodoxe a sa prison chrétienne à elle, dépendante du monastère de Souzedal.

Il y a peu de temps, Léon XIII qui s’était volontairement enfermé dans le Vatican, condamna (encyclique « Libertas » 1888) la doctrine affirmant que l’Eglise chrétienne doit seulement parler pour convaincre et lui enlevant le droit coercitif de juger et de punir. Par bonheur l’effet de cette condamnation ne dépassait pas les limites de la rhétorique papale. Au même moment nos prélats, heureux à faire envie au clergé catholique, usaient largement du pouvoir qui leur était conféré et enfermaient dans la prison de Souzedal ceux des serviteurs de l’autel à qui leur conscience religieuse ne permettait pas de se taire [1].

Mais aujourd’hui ou demain le glaive laïque peut se trouver forcé de cesser ses services et l’Eglise

  1. Pendant un moment, peu de temps après le 17 octobre, le monastère de Souzedal et la forteresse de Schlusselbourg ont mis leurs détenus en liberté. Le public put même visiter Schlusselbourg. Mais avec l'avènement du ministère libéral de M. Stolypine les exécutions recommencèrent à Schlusselbourg, tandis qu’à Souzedal on préparait des demeures pour les prêtres qui s’étaient prononcés contre la peine de mort.