Page:Mérejkowsky, Hippius, Philosophoff - Le Tsar et la Révolution, 1907.djvu/265

Cette page n’a pas encore été corrigée

à l’histoire ou l’histoire aux idées, n’est pas achevé non plus. Sans doute il s’en faut de beaucoup que Pierre Ier lui-même ait été vraiment une incarnation de l’idée du tsarisme ; mais cela ne démontre nullement que l’humanité soit à l’abri d’incarnations ultérieures de cette effrayante idée, En même temps qu’il affirme son existence, l’homme, de par les lois éternelles de sa nature, aspire vers le bonheur, et non pas seulement vers le bonheur, mais vers le bonheur et la vérité ensemble, vers le paradis réalisé sur la terre, vers l’union du céleste et du terrestre, vers la concordance des besoins de l’âme avec ceux du corps, — vers l’institution du « Royaume de Dieu sur la terre ». De quelques termes que nous nous servions pour définir cette tendance, son essence demeurera la même socialisme, exclusivement considéré comme idée, ne peut par lui-même donner satisfaction à cet aspiration vers le « Royaume de Dieu sur la terre ». Il n’offre que le paradis terrestre. L’homme sait trop bien qu’il ne vit vraiment que quand il sent la terre ferme sous lui et qu’il a le ciel au-dessus ; quand, au contraire, la terre l’enveloppe de tous côtés, c’est qu’il est enseveli, mort. Ceux qui acceptent l’idée socialiste comme un dogme suprême embrassant tout, ayant réponse à tout et conclusion sur tout, sont forcés de mutiler la nature humaine,