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Pierre, les tsars moscovites étaient loin d’être des représentants du tsarisme au vrai sens du mot. Ils ne furent qu’un acheminement vers celui qui devait être leur pleine réalisation historique, vers Pierre. Ils furent trop timides, trop enfermés dans les limites de leur nation, trop étroitement religieux au sens orthodoxe et clérical de ce mot. Fut-il un empereur, le jeune et pieux fils du patriarche Philarète, Michel Fédorovitch ? Il fut bien plutôt un prêtre et il régna moins que ne régna le véritable prêtre, son père Philarète. En ces temps, la fleur terrible du tsarisme éclosait à peine. Et il faut reconnaître que les conditions de la Russie, les particularités du peuple russe et de l’église orthodoxe favorisèrent grandement son épanouissement.

Au sens que nous lui donnons, c’est-à-dire considéré comme un effort vers la réalisation du « Royaume de Dieu sur la terre » par l’incarnation de Dieu en une personne humaine, en le tsar de la terre et du ciel, par la substitution d’un homme à Dieu, le tsarisme est une idée au plus haut degré universelle, parce que sa nature est d’embrasser tout. Elle est la plus grandiose et, par suite, la plus effrayante manifestation du Mensonge Universel. Elle contredit la vérité, non pas seulement dans une de ses parties, mais bien sur toute son étendue.