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ce reniement de saint Pierre dont le Christ a dit : Loin de moi, satan, car tu ne penses pas à ce qui est divin, mais à ce qui est humain.

Que la fin de l’orthodoxie soit la fin de l’autocratie et inversement, il ne peut y avoir de doute pour celui qui voit le lien indissoluble historique et mystique qui joint l’orthodoxie à l’autocratie comme la papauté au catholicisme : pas d’orthodoxie sans César romain, pas de catholicisme sans Pontife romain.

Le tsar et le pape représentent deux efforts éternellement vains de tout le christianisme, dirigés vers l’unité universelle. Renonçant à rechercher cette unité l’Eglise renoncerait à sa principale mission : il n’y aura qu’un seul troupeau et un seul Pasteur. Si le roi du royaume universel le tsar n’est pas chef de l’Eglise d’Orient, alors c’est le patriarche œcuménique qui doit l’être ; mais l’aboutissant du patriarchat comme unité universelle, catholique, c’est encore la papauté.

Dans ces deux essais vains de théocratie, du royaume sacerdotal et du sacerdoce royal, dans ces deux masques humains qui se sont substitués à la face unique et divine du Christ, la vérité est tellement mêlée au mensonge et le Dieu-Homme à l’Homme-Dieu que le christianisme tel qu’il est n’a pas la force nécessaire pour les séparer. Ce