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à la foi ». Mais nous, tout au moins certains d'entre nous, n’étions pas moins croyants que tons ces moines et ces prêtres*

Pour nous, la foi était de l’admiration, pour eux, de l’ennui ; pour nous, une profondeur du mysticisme, pour eux, une surface plane du positivisme ; pour nous, un jour de fête, pour eux, un jour de semaine ; pour nous, une chasuble que nous n’osions revêtir, pour eux, une vieille robe de chambre. Les paroles saintes de l’Ecriture où nous entendions les voix des septs tonnerres sonnaient chez eux, pour le mieux, comme des textes du catéchisme appris par cœur, pour le pire, comme les osselets d’une machine à calculer ou les marteaux de bois d’un clavier sans corde, Nous voulions que la face du Christ fût comme le soleil resplendissant dans sa force ; eux se contentaient d’une tache noire sous le nimbe d’une vieille icône ou l'on ne pouvait plus rien distinguer.

Ils nous approuvaient du reste en tout. Ils étaient prêts à tous les accommodements avec ce monde plongé dans le mal — prêts à pardonner à notre « chair pécheresse ». Ils ne pouvaient comprendre que nous ne voulions pas que l’Eglise pardonnât à la « chair pécheresse », niais bénisse fa chair sainte. Ils étaient mous comme de la ouate, mais cette mollesse enveloppait une