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des yeux, orgueil de la vie. — Voilà pourquoi toutes les tentatives faites pour renfermer dans le christianisme la chair du monde avec sa croissance et sa floraison — culture, science, art, politique — n’ont jamais abouti à rien. En retournant au monde l’humanité sort naturellement du christianisme, redevient païenne ; et à l’inverse, en retournant au christianisme, elle sort du monde.

L’apparence de l’Evangile est selon Rosanov, tout à fait contraire à son essence réelle.

Au dehors, c’est le Verbe qui se fait Chair ; en dedans c’est la chair qui se fait verbe — spiritualité immatérielle et abstraite ; au dehors c’est la victoire de la vie sur la mort, en dedans c’est la victoire de la mort sur la vie ; au dehors c’est le banquet nuptial du Royaume de Dieu, en dedans c’est le jeûne et le célibat, la castration pour mériter le royaume de Dieu. L'Immaculée Conception, selon Rosanov, infecte les sources mêmes de la Sainte Semence, condamne le monde à la fornication, à la prostitution, à l’infanticide. Dans les mots il y a un amour inconcevable à l’esprit et au cœur humain ; mais dans les faits se réalise cette nouvelle cruauté chrétienne qui fait bouillir le chevreau dans le lait de sa mère. En effet, il est dit dans l’Evangile même, qu’à la fin du monde l'amo