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que des billets de banque ; dans le premier l’on fait ce que Ton dit, et dans le second on dit une chose et Ton fait une autre. En tête de la Bible, ce Livre de l’Etre, est inscrit le commandement du Père : croissez et multipliez, ainsi que la prophétie relative à la victoire de l’être sur le néant, de Dieu sur Satan par la force de la semence sainte : la semence de la Femme écrasera la tête du Serpent.

L’Ancien Testament comme toutes les antiques religions de l’Orient qui l’ont précédé sont des religions du sexe saint, de la sainte semence. La circoncision qui leur est commune démontre le point physique et en même temps métaphysique de l’union de l’homme avec Dieu, précisément là, dans le sexe.

La négation métaphysique du sexe, l'Immaculée Conception, s’inscrit en tête de l’Evangile, ce Livre du Néant, selon Rosanov. D’après la prophétie du Nouveau Testament, ce n’est pas la Semence de la Femme, mais la Femme sans semence qui écrasera la tête du Serpent. Bienheureux sont les ventres qui n’ont pas enfanté et les mamelles qui n’ont pas nourri — telle est la suprême des Béatitudes de l’Evangile. Le Testament du Père est anéanti par celui du Fils : entre l’Evangile et la Bible s’ouvre un abîme dans lequel s’effondre tout le christianisme.