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dans l’excès contraire, pèche plutôt par le manque que par l’excès de tempérance religieuse : quelquefois il sacrifie à la « folie divine » la raison divine, le Logos, qui pourtant doit régner et servir de preuve immuable de la valeur religieuse de cette « folie ». En tout cas, il est impossible de ne pas croire à la sincérité de Rosanov lorsqu’il confesse que pas une fois dans sa vie il n’a lu l’Evangile sans une émotion profonde et vraie, que pour lui rien parmi les œuvres humaines ne peut se comparer à ce livre dont les mots sont comme des éclaircies sur d’autres mondes un éternel miracle. Jamais un homme n’a parlé comme cet Homme — pas une fois dans sa vie Rosanov n’a douté que l’Homme Jésus fût non seulement un homme, mais qu’en lui était un Etre dont la mesure dépasse toute conception humaine. Parlant du Christ ou contre le Christ, jamais il ne perd ce sentiment. Il semble qu’aucun apostat ne se soit rapproché aussi près, aussi corps à corps du Christ que Rosanov ; qu’aucun ne regarda aussi attentivement ce qu’il y avait de surhumain dans le Christ, et ne sentit cette force qui obligea le monde à se prosterner devant le Fils du charpentier comme devant le Fils de Dieu ; qu’aucun des ennemis du Christ n’éprouva autant que Rosanov le charme invincible avec lequel Celui qu’on a élevé sur la