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si étourdiment. Il eut été alors aidé pour répondre à cette question, par une apparition de l’antéchristianisme, non moins grande et certainement plus terrible que Nietzsche — celle de Vassili Rosanov.

Comme Soloviev, Rosanov est sorti de «l’extrême droite »,de Dostoiewski.Mais à la fin des fins,après de nombreuses évolutions extérieures et intérieures, il se trouva à l’extrême gauche, plus même que Nietzsche. Dostoiewski aurait été épouvanté de voir ce qu’il avait produit en la personne de Rosanov.

Il commença comme la plus douce brebis du troupeau slavophile. Profondément conservateur, humblement respectueux de toutes les autorités constituées, surtout des trois principes russes intangibles, autocratie, orthodoxie, nationalisme — tel il fut à son début. Il semblait qu’il n’y eût pas d’homme plus appliqué que lui à vivre dans la tradition et à suivre les chemins battus, moins désireux de frayer des voies nouvelles et d’accepter la responsabilité personnelle qu’exige une révolution religieuse. Et cependant s’il est allé jusqu’à des excès de révolte, tels que n’en imaginèrent jamais les révolutionnaires positivistes, ce n’est pas sa faute. Il n’alla pas de lui-même à ces excès — il y fut poussé par d’autres. Il devint révolutionnaire ma