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eux-mêmes, mais sentent seulement l’étincelle de la vie qui leur ordonne de se lever pour leur existence,— ils ne peuvent le faire que d’une façon grossière, terrible et sauvage. La révolution peut prendre alors les formes extérieures de l’anarchie, de la décomposition, du chaos. Mais ce ne sont là que des formes extérieures. Nos pillards, nos moujiks qui incendient les propriétés, massacrent aveuglément les bestiaux, détruisent les machines ou les œuvres artistiques précieuses, ne sont pas des hommes transformés en bêtes, mais les bêtes au moment de leur ascension vers l’humain. En eux, l’homme ne finit pas, il commence. Ils ne tombent pas, ils s’élèvent. Ils ne pouvaient faire de chute, d’où auraient-ils pu tomber et comment ? Ils étaient trop bas pour tomber. C’est la naissance, ce n’est pas la mort, mais dans leurs manifestations extérieures, naissance et mort sont également pénibles et terribles.

Nous n’avons pas peur des actes terribles, car l’étincelle de la même vérité nouvelle brûle dans l’âme unique du peuple. L’âme vivante vit ; elle quitte tout entière l’autocratie et l’orthodoxie. Elle n’est plus chez ceux qui arrêtent les gens à peine éveillés comme ce petit collégien Morosoff qu’on pendit, non sans oublier de lui donner hâtivement le saint sacrement et sans attendre que l’enfant