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Si l’âme populaire chrétienne d’une chrétienté élargie vit en eux, est-il possible que ce christianisme inconscient et sans nom accepte le meurtre et reconnaisse comme juste que la fin justifie les moyens ?

Du point de vue absolu, divin et humain, le meurtre est une impossibilité et cette affirmation vit, se développe, dans les parties encore aveugles de l’âme humaine vivante. Mais en fait, historiquement, l’impossibilité du meurtre ne peut pas s’incarner tout d’un coup ; elle s’incarne de plus en plus à mesure que le relatif s’approche de l’absolu. Elle est donnée aussi, arbre qui dans son temps était bourgeon et semence.

Un révolutionnaire et un Plehve ministre, sont tous deux des meurtriers. Le fait, l’acte, sont les mêmes. Mais entre le meurtre accompli par le révolutionnaire et le meurtre infligé par le pouvoir, supplice incompréhensible et inhumain qui ajoute une mort à une mort, qui exhorte ou force un tiers — le bourreau — à tuer, lui supprimant ce qu’il a d’humain, où l’on regarde osciller le pendu au milieu des croix et des tambours, — la différence est si grande, si nette, si incontestable, qu’il est inutile d’essayer de la démontrer. De même qu’il est inutile de répéter que ce sont les exécuteurs et ceux qui, portant la croix, assistent aux supplices, que