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que positivement. S’abstenant de toute détermination précise, on peut dire seulement : oui, par sa nature, lame humaine est religieuse. Tertullien disait même : « L’âme humaine est chrétienne par nature », affirmation hardie, inexacte dans son essence et ne pouvant ne pas l’être si nous parlons de la nature humaine en général et avons une idée exacte du christianisme. Mais on a précisément envie de s’exprimer ainsi si l’on essaye de déterminer les caractères individuels de l’âme religieuse russe : l’âme russe populaire est de préférence chrétienne. Elle n’est ni orthodoxe, ni catholique, ni protestante — il faut se le rappeler — mais chrétienne.

La littérature russe, manifestation grandiose de l’âme du peuple, est entièrement chrétienne.

Qu’elle confesse ou non le nom de Jésus le Nazaréen, elle est toute chrétienne, elle l’est d’autant plus que le génie de l’écrivain est plus éclatant. Le nom de Jésus trop hâtivement prononcé parfois fit même périr, non pas les créations de l’esprit, mais les personnalités de ceux qui le prononçaient. Dostoïewsky et Gogol sont tombés dans l’orthodoxie en confondant le nom avec l'être. Tolstoï s’engagea solitairement dans le bouddhisme sans comprendre qu’il restait avec le nom seul, exactement comme l’orthodoxie. Il ne s’unit pas à cette