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s ont eu l’énergie d’aller à Viborg et d’y signer le fameux manifeste. Ainsi s’est trouvée soumise à l’histoire vivante la logique théorique des doux rénovateurs libéraux [1]. Oui, me dira-t-on, mais malgré tout le « peuple » existe, le peuple sur qui tous discutent, de qui les uns disent qu’il est jusqu’à présent « orthodoxe et autocrate », les autres qu’il est depuis longtemps athée, tous étant d’accord d’ailleurs pour affirmer qu’il est obscur.

Qu’est-ce donc que le peuple ?

On peut me reprocher l’abstraction de mes généralisations, mais y a-t-il quelque chose de plus abstrait que cette généralisation arbitraire, que cette conception inexistante — « le peuple russe » ?

Le peuple est-ce un groupe d’agriculteurs ? appartenant ou non à des provinces déterminées ? ou bien la participation au peuple est-elle conditionnée par le sang ? ou sont-ce des gens d’égal niveau, sans culture ? Chacune de ces conditions nouvelles resserre le cercle, et nous arriverons bientôt à considérer comme peuple russe une petite

  1. Pour le moment la force des choses rend les constitutionnalistes-démocrates de plus en plus réactionnaires. Ils se sont nettement prononcés contre la révolution, du reste sans avoir conquis les sympathies du gouvernement. Leur rôle est devenu assez insignifiant ; ce sont les partis extrêmes qui sont en lutte réelle.