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féeries de l’Odyssée qui ont fait le charme de tant de na- tions et de tant de siècles. Or, c’est incontestablement à la présence de deux hommes nourris d’autres idées que de simples marins, c’est à leur ma- nière d’observer et de sentir, qu’est dû, en grande partie, ce puissant intérêt. Rien ne leur avoit coûté pour enrichir leurs collections ou pour satisfaire leur curiosité : M. Banks surtout se montra toujours d’une activité étonnante; la fatigue ne le rebute pas plus que le danger ne l’arrête; on le voit, auBrésil, se glisser comme un contrebandier, sur le rivage, pour arra- cher quelques productions à cette riche contrée, malgré la stupide jalousie du gouverneur. A Otaïti, il a la patience de se laisser peindre de noir de la tête aux pieds pour faire un personnage dans une cérémonie funèbre qu’il n’auroit pu voir autrement : et ce n’est pas seulement pour voir, pour observer, qu’il déploie son caractère; en tout lieu, bien que sans autorité légale, il semble prendre naturellement le rang que lui auroient donné en Europe les conventions de la so- ciété; il est toujours en avant, il préside aux marchés, aux négociations ; c’est à lui qu’on s’adresse des deux parts dans les embarras; c’est lui qui poursuit les voleurs, qui recouvre les objets volés. S’il n’eût retrouvé ainsi le quart de cercle qui avoit été adroitement enlevé par un insulaire , le but prin- cipal de l’entreprise, l’observation du passage de Venus sous le disque du soleil , auroit été manqué. Vœ seule fois il n’osa se faire rendre justice; mais ce fut lorsque la reine Oberea, l’ayant logé trop près d’elle, lui fit pendant la nuit voler tous ses vêtemens; et on conviendra qu’en pareille