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de la même nature. Il a 12 où 15 pieds de long, 7 à 8 pieds de large et une épaisseur que je ne connais pas. Les fragmens d’ossement de ruminans, de chèvres, etc., y sont extrêmement nombreux ; chaque coup de marteau en fait paraître. On y trouve aussi de nombreuses coquilles, dont quelques unes sont très fraîches et semblables à celles du pays (helix, etc.), tandis que d’autres sont marines (turbot, etc.). Il est impossible de voir une caverne dont la disposition cadre mieux avec les descriptions des cavernes à ossemens ; cette brèche osseuse présente aussi, comme certains dépôts semblables de la Dalmatie et de la France méridionale, des fragmens de poterie.

Ces ossemens sont en fort grand nombre, complètement mêlés avec les galets et les incrustations calcaires. Il s’en trouve, ainsi que des coquilles, sur les parois mêmes de la caverne, sous l’enduit calcaire qui la tapisse ; des fentes, des trous, en sont remplis à quatre ou cinq pieds au-dessus du sol. Les fragmens de poteries ont été trouvés dans un banc de brèche osseuse qui sert en même temps de plancher à un canal qui sort en dehors, et de voûte à un passage qui descend à l’autre caverne.

M. Hedenborg, docteur suédois auquel j’ai montré cette caverne, m’a dit en avoir rencontré une autre toute semblable pour la disposition et la quantité des ossemens qui s’y trouvent, à la source de la rivière de Eut-Elias. Elle est seulement plus vaste, mais moins profonde, et contient de même à son entrée un banc de brèche osseuse. Enfin j’en ai encore trouvé une autre sur la route de Tripoli dans laquelle j’ai observé des ossemens, mais en très petite quantité.

Telles sont les observations que j’ai été à portée de faire depuis le sommet du Sannine jusqu’à la mer, et telle est l’idée que je me suis formée des terrains qui composent cette montagne. J’en ai fait un espèce de type auquel j’ai rapporté les faits que j’ai eu lieu de remarquer dans d’autres endroits, et c’est à lui que je comparerai le Liban tel que j’ai pu le voir. Il me reste à rapporter mes observations le long de la côte jusqu’à Tripoli, sur le mont Liban, dans la plaine de Bequâa et sur le versant oriental du Sannine.


Structure géologique du littoral entre le fleuve du Chien et Tripoli.

La direction générale des couches croisant un peu celle de la côte et de la chaîne, il en résulte qu’en remontant vers le nord on rencontre peu à peu des couches plus superficielles. Il faut toutefois faire abstraction des irrégularités de détail et des détours de la côte.

De Zouc Mikaïl à la pointe nord de la baie de Djouni, le chemin suit le bord de la mer, et j’ai pu rarement faire quelques remarques. Partout où l’on approche de la montagne, on voit des couches confuses de calcaire dur ; c’est, je crois, celui de l’embouchure du fleuve du Chien. A la pointe nord de cette baie, qui s’avance dans la mer, on voit de nouvelles couches de calcaire blanc argileux et feuilleté, superposées au calcaire précédent. Les couches sont inclinées d’environ 45° à