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voyons que Claude Huvé était déjà mort. Son style empêche de la faire remonter plus haut que le xvie siècle ; tout indique donc qu’elle a dû être construite de 1501 à 1559. Elle aurait ainsi plus de trois cents ans d’existence.

Nous n’énumèrerons pas toutes les ventes et donations dont elle a été l’objet ; cela aurait peu d’intérêt. Disons seulement que vers l’an 1607 elle fut vendue par cette famille Huvé à Claude de Montescot, secrétaire du Roi, à qui l’on doit la restauration de l’hôtel de ce nom, siège actuel de la mairie de Chartres ; ceci ressort d’un acte du 14 juillet 1607, portant vente par ce Claude de Montescot à Gervaise Brosse, marchand[1]. Le 23 novembre 1617, Marie Lacyre, veuve de ce dernier, la vendit à Jean Robillard, médecin[2], en laquelle vendition est compris, dit l’acte, les pierres provenant des piliers de la galerie de la dite maison. Plusieurs bases de piliers que l’on remarque espacées également et saillantes dans le corps de logis à droite de la cour, semblent indiquer la place où régnait cette galerie (Pl. III, E), remplacée par une construction sans intérêt sous le rapport de l’art ; une console mutilée servant de banc, et à côté un chapiteau de colonne qui se trouve dans la cour, pourraient provenir de ces démolitions ; cependant nous n’osons l’affirmer.

Une remarque à faire dans les ventes successives de cette maison, c’est l’augmentation successive des prix de vente, ce qui paraît constater la tendance que les maisons ont eue de tous les temps à augmenter de valeur ; ainsi, vendue en 1607 2,100 livres par Claude de Montescot, elle fut revendue le 23 novembre 1617, un an après, 3,600 livres ; l’augmentation était considérable : le 20 septembre 1647 elle était vendue 4,000 livres par Jean-François Robillard, sieur de Myrougrain, maître-d’hôtel du Roi[3] ; elle fut acquise le 7 janvier 1683, moyennant 4,100 livres, par Louis de Villette, avocat au bailliage de Chartres[4]. Ce

  1. Acte du 14 juillet 1607, devant Me Claude Bouvart, notaire royal à Chartres.
  2. Acte de vente du 23 novembre 1617, devant le même.
  3. Acte de vente du 20 septembre 1647, par Jean-François Robillard à Philippe Leféron, avocat au bailliage de Chartres, devant Me Gilles Cornu, notaire à Chartres. Ce Philippe Leféron semble devoir être celui que M. de Lépinois (Hist. de Chartres, t. II, p. 664) cite comme échevin.
  4. Acte de vente du 7 janvier 1683, par Marie Hallegrain, veuve de Philippe Leféron, à Louis de Villette, avocat au bailliage de Chartres, devant Me Dorinière, notaire à Chartres.