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CHAPITRE vi


Querelles parmi les évêques. — Les treize. — Mort de la comtesse de Rothe. — Regrets de l’archevêque de Narbonne. — Réponse du comte de Damas. — Pozzo di Borgo. — Sa rivalité avec Bonaparte. — Édouard Dillon. — Calomnies sur la reine Marie-Antoinette. — Duel. Un mot du comte de Vaudreuil. — Pichegru. — Les Polignac. — Mort de monsieur le duc d’Enghien. — Je quitte l’Angleterre.

La société de l’émigration française fut mise en commotion par les résultats du Concordat. Les évêques, qui, jusque-là, avaient vécu en bon accord, se divisèrent sur la question des démissions demandées par le Pape. L’évêque de Comminges, mon oncle, et l’évêque de Troyes, Barral, furent les chefs de ceux qui se soumirent. Les autres étaient sous la guidance de l’archevêque de Narbonne, Dillon, et de l’évêque d’Uzès, Béthizy. L’aigreur et les haines étaient au comble. Les non-démissionnaires avaient la majorité à Londres. Ils étaient treize et s’appelaient fièrement les treize.

Madame de Rothe, qui avait conservé toute sa violence dans son âge très avancé, ne les désignait jamais autrement. Elle faisait des scènes à mon père parce qu’il approuvait le parti pris par son frère et le disait hautement. Il n’avait guère d’imitateurs ; quelques-uns auraient volontiers été de son avis, mais ils n’osaient pas en convenir. Ceux des émigrés se disposant à rentrer en France étaient les plus violents dans leurs propos, afin de dissimuler leurs projets, et, pendant qu’ils faisaient leurs